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Le transport fluvial va bien. Il va bien, et de nombreux chargeurs s’y intéressent aujourd’hui sans l’avoir jamais pratiqué ou après l’avoir délaissé depuis des dizaines d’années.
C’est beaucoup « l’effet Seine-Nord » qui joue là, transformant subitement un mode de transport considéré comme archaïque, régional et marginal en un moyen potentiellement puissant, écologique et international.
Il ne fait pas de doute que la réalisation de la liaison Seine-Nord constitue la condition sine qua non d’un nouveau développement du transport fluvial.
Pourtant, et bien que le processus de décisions se déroule tout à fait dans les délais prévus – le lancement de l’enquête publique annoncé par le Ministère des Transports est en effet attendu pour la fin 2006 avec un objectif de Déclaration d’Utilité Publique fin 2007 - un doute subsiste encore dans l’esprit de beaucoup.
Les chargeurs, nouvellement convertis au transport fluvial, ne s’investiront que s’ils ont la quasi
certitude que les infrastructures nécessaires seront bien là, qu’ils pourront selon les variations de leurs activités balancer d’un point à un autre leurs moyens pour varier les flux à l’intérieur du marché européen et non pas seulement dans un bassin fluvial étriqué à l’aune de l’économie actuelle.
Pour passer à des solutions intégrant le transport fluvial, ils devront en effet réorienter des pans entiers de leur logistique, mettre en place des moyens lourds et coûteux ainsi que des partenariats de longue durée, ce qui nécessite un minimum de visibilité.
Autant dire qu’après la calamiteuse affaire de Rhin- Rhône, une certaine expectative règne entretenue par la succession des enquêtes et contre-enquêtes sur l’intérêt de Seine-Nord ou d’autres ouvrages fluviaux primordiaux comme l’écluse de Port 2000 au Havre.
En dépit des conclusions globalement favorables, le flou sur le financement de ces ouvrages remet en doute la volonté des pouvoirs publics de fournir les moyens indispensables au développement du transport fluvial, mode alternatif à la route tant vanté.
La question du financement est l’interrogation principale car du côté des chargeurs, on estime que la mise en place des moyens fluviaux de transport et de manutention, qui relève de la volonté des entreprises elles-mêmes, s’adaptera aux besoins et n’est pas bloquante pour l’élaboration des projets.
La question certes importante du niveau des surpéages pour le franchissement du nouvel ouvrage doit trouver une réponse consensuelle. Je suis pour ma part persuadé que les trafics dépasseront les prévisions sur la future liaison !
L’AUTF a de tout temps soutenu Seine-Nord et tout particulièrement ces dernières années. Elle manifeste encore et toujours sa certitude que ce canal est la clé du développement du transport fluvial.
Les atermoiements et tergiversations sur le projet retardent l’engagement des chargeurs, y compris dans leurs études exploratoires. Les incertitudes influent naturellement sur le choix d’implantation des installations industrielles et logistiques. Ces choix ne pouvant pas toujours attendre, elles risquent de les éloigner durablement d’une solution fluviale qu’ils auraient choisie dans un contexte plus clair. L’AUTF souhaite qu’une volonté ferme s’affirme rapidement pour la réalisation du canal Seine-Nord et, dans cette période préélectorale, demandera aux candidats leur engagement sur ce sujet.
Jean Houyvet - Président de la Commission Voie d’Eau
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