A la différence des nombreuses initiatives publiques prises par le
passé pour relancer le fret ferroviaire, la conférence périodique lancée le 18
septembre 2013 constitue une innovation tant sur le fond que sur la forme.
Sur
le fond, deux aspects mis en avant par le Ministre des transports méritent
d’être soulignés.
Le
premier a consisté à ce que le fret ferroviaire soit appréhendé sous l’angle
de la demande des clients en insistant fortement sur le fait que le transport
ferroviaire de marchandises participait de la compétitivité de l’industrie
française. C’est un discours auquel nous n’étions pas habitués et qui peut
laisser espérer que la France se décide enfin à suivre la trace de ses voisins
dont le dynamisme économique repose sur l’idée toute simple que la performance
de leurs transports contribue à la performance de leur industrie en Europe et
dans le monde. Le second aspect a été de se placer résolument dans une démarche
de complémentarité modale plutôt que d’opposition entre le rail et la route, ce
qu’ont en particulier confirmé les conclusions du groupe de travail animé par
l’AUTF au terme desquelles, il est apparu d’une part que les obstacles au
développement du fret ferroviaire lui étaient structurellement endogènes, et
d’autre part que le transport combiné rail-route représentait un fort potentiel
de développement pour autant que son maillon faible ferroviaire soit renforcé.
Sur
la forme, il convient de souligner le fait que l’animation de groupes de
travail a été confiée à des représentants du monde économique, en particulier
l’AUTF pour conduire les réflexions sur le domaine de pertinence du fret
ferroviaire et son articulation avec les autres modes et CCI France pour
approfondir les questions relatives au fret de proximité et à l’action des
acteurs locaux.
La
volonté du Ministre de ne pas publier un énième rapport sur le fret ferroviaire
mais d’entrer dans le coeur du sujet sous un angle pratico-pratique a également
contribué à la forte mobilisation des différentes parties prenantes dans
l’ensemble des travaux qui doivent se poursuivre sur la base des conclusions
d’étape et des premières mesures annoncées par le Ministre le 13 février
dernier. On retiendra plus particulièrement la priorité identifiée par les 5
groupes de travail de veiller à la préservation du réseau ferroviaire dit «
capillaire » particulièrement menacé en raison de son manque d’entretien.
Personne
ne prétend bien évidemment que cette conférence périodique - dont il faudra
attendre les résultats pour en apprécier la pertinence - débouchera sur le «
grand soir » du fret ferroviaire dont les fragilités sont structurelles et
dont l’environnement est jugé instable et anxiogène par la majorité des
acteurs économiques. Le mode de gouvernance retenu pour la future organisation
ferroviaire, les orientations du cadre social harmonisé, l’impact sur le
montant des redevances d’infrastructure de l’arrêt par l’Etat du versement à
RFF de la subvention péages fret sont autant d’éléments dont la conjonction
fait craindre une dérive des coûts du ferroviaire sans contreparties
significatives en termes de qualité, faisant ainsi retomber le fret ferroviaire
dans le cercle vicieux de la contraction des volumes transportés.
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